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12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 16:31
Victoria Stefaniuc

Victoria Stefaniuc

Je ne pense pas être le seul qui ait jamais été dans cet embarras : expliquer à un étranger certaines traditions, légendes, voire même des faits réels de chez nous, La Moldavie ou la Roumanie (parfois, pour expliquer quelque chose on est obligé de recourir à un véritable cours d’histoire intensif, descendant jusqu’au Moyen Âge, sinon jusqu’à Trajan et Decebal!). Et je suis convaincu que ce n’est point une spécificité qui nous soit propre, car d’innombrables fois j’ai pu observer la peine des autres essayant de m’expliquer à moi certaines bizarreries traditionnelles.

Il existe quand-même dans un espace homogène et familier un sol fertile de notions qui s’apprennent depuis l’enfance. Elles s’installent dans les têtes sans efforts, sans trop d’explications, s’organisent dans une sorte de contexte implicite culturel. Ces notions sont si bien installées et si parfaitement comprises et assimilées que la plupart d’entre nous seraient incapables de les expliquer par une définition claire comme dans un dictionnaire. Et lorsqu’on a un conte à raconter on ne fait que tresser un fil épic, lier d’une manière ou d’une autre ces notions dans une trame autant dramatique que possible. Et c’est là que le conte prend vie, les personnages se complètent et expient son destin tout en bâtissant un univers fabuleux en harmonie avec le monde réel qui nous entoure, s’alimentant réciproquement.

Mais comment faire lorsque ces notions n’existent pas ? Quand tu dois expliquer ce que Mère Dochia, Făt-Frumos, Zmeu ou encore Mărţişor veut dire ?...

A la fin du mois de décembre de l’année dernière j’ai emmené mes enfants voire un spectacle réalisé et présenté par Victoria Stefaniuc, « Le Dragon et le Porte-bonheur moldave ». J’y suis allé pour les enfants avant tout, mais j’avais ma propre curiosité, je l’avoue, un peu vicieuse. Le spectacle de Victoria n’est autre chose que la légende du Mărţişor. Mes mômes savent ce que c’est et avec quoi on le mange, c’est-à-dire ils maîtrisent les notions et jusqu’à certains fils épiques. Ma fille m’a même demandé laquelle des variantes de la légende allait être présentée précisément. Ce qui m’intriguait beaucoup c’était comment allait Victoria résoudre le problème des « notions » sans s’embrouiller dans des explications ennuyeuses et sans ruiner « la magie » de l’histoire, nouant entre elles des notions qui ne sont pas comprises par le public.

Victoria a trouvé une solution à première vue surprenante, mais probablement la seule valable : elle a conservé le conte, son squelette, tout en adaptant les notions. C’est ainsi que Făt-Frumos devient « le plus téméraire garçon du village », le « zmeu » devient dragon, le sang versé devient de la braise (même si dans ce cas c’était une obligation plutôt légale, d’après ce qui m’a été dit par l’auteur-même).Le conte, pour quelqu’un qui est habitué avec sa variante traditionnelle, devient un tantinet étrange, mais j’étais conscient du fait que je ne détenais pas la mesure adaptée pour l’évaluer. Par conséquent, j’ai suivi attentivement la réaction des enfants et, tout particulièrement, la réaction des enfants français présents dans la salle. Et eux, ils étaient heureux ! Ils ont vibré et crié de joie ou de peur tout au long du spectacle ! Quant au mot-clef – le Mărţişor – il a été présenté tout à la fin, pour couronner le tout.

Victoria Stefaniuc a usé d’un large éventail d’artifices et de techniques propres aux conteurs : des couleurs vives, des figurines, des jeux et des projections d’ombres, des marionnettes. Une bande son exceptionnelle avec de la musique roumaine de flute de Pan appropriée et, bien évidemment, la narration et la voix de Victoria, très émotionnelle et bien dosée, correctement repartie sur tout le long du conte sans vides, sans ruptures de rythme, avec des petites sessions interactives avec les petits, ce qu’ils adorent, sans hics d’ordre technique, et ceci m’a vraiment impressionné, car changer de décors, de poupées, de figurines, de moyens de présentation, sans incidents sur le déroulement de la représentation est une performance en soi !, bref, le spectacle fascine, entraîne et captive !

Mais les meilleurs évaluateurs restent les enfants, qui à leur âge ne savent pas encore ce qu’est l’hypocrisie ou la complaisance. Et eux, ils étaient absolument heureux !

Nous attendons avec impatience le mois d’avril et le nouveau spectacle qui en pleine préparation, « Far-West Tzigane ». Victoria Stefaniuc y travaille avec le violoniste bulgare Velizar Assenov. Avec tout ce qu’on a vu dans la légende du Mărțișor et un violoniste avec de la musique live en scène en plus, nous nous attendons à un conte vraiment fascinant !

 

(Accédez au texte en roumain)

Un Mărţişor qui apporte du bonheur
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Un Mărţişor qui apporte du bonheur
Un Mărţişor qui apporte du bonheur
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Despre PUNCT-ul din .FR

Poveşti, povestioare, gânduri, reflecţii, idei mai profunde şi mai superficiale, grave si ilariante... un punct de vedere şi doar atât. Doar un punct în imensitatea blogurilor. Doar un punct din atâtea altele dispersate în nebuloasa reală si virtuală. Doar un punct. Deşi... câte odată nu-ţi lipseşte decât un punct pentru a fi un i! 

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